Le 03/04/2024
15 jours seulement après Nogaro, plus de 170 pilotes se retrouvaient à Dijon sur le circuit de 3,801 km pour la deuxième rencontre de la coupe de France des circuits 2024. 18 Protos de France étaient engagés mais 17 seront finalement présents sur le toboggan dijonnais (forfait du breton Fabien Tissandier découvrant une panne en montant son Funyo F5 sur la remorque). Première course en 2024 pour Chauré (GFA Suzuki) mais aussi pour Perrin (avec son nouveau Funyo F5 mais il est toujours propriétaire de la Jema 630), Beauchamp (Funyo F4), le duo Defunti et Lapeyre (Funyo F5), Didier Bastard (Merlin Alfa 1500 et une nouvelle carrosserie) et Elodie Durand (Arc Alfa).
Le rookie, Thibaud Dupont, après l’achat, l’automne dernier d’une superbe ARC Alfa 1500, découvrait tout et allait participer à sa première compétition automobile pour ses 49 ans. Michel Martinucci, président d’AvenirCup (promoteur du Trophée Protos de France) était absent à Dijon pour des raisons familiales. Votre rédacteur a dû le remplacer lors de la réunion du vendredi soir entre le président de l’ASA, la direction de course (six personnes), le collège des commissaires (trois personnes), les responsables des commissaires de piste, du chronomètre, du contrôle technique, de l’administratif et les responsables des différents plateaux (Michel étant responsable du plateau Prototype / Sports Car), soit un total de 25 personnes.
Le principal problème soulevé fut le bruit car chaque auto au contrôle technique passait à l’épreuve du sonomètre en statique. En coupe de France des circuits, le maximum est de 100 dB plus ou moins. On ne reverra pas du week-end, la Lamborghini qui a été contrôlée à 109 dB en dynamique.
J’ai demandé les raisons de l’amende de 200 € facturée à Didier Bastard pour avoir souillé la piste le vendredi lors des essais privés (durite d’eau arrachée). Il m’a été répondu que c’était le coût des quatre sacs d’absorbant et le retard des essais des monoplaces pour faire passer un tracteur équipé de produits dissolvants. Quand je leur ai répliqué que j’arrivais du monde du football (de 14 ans à 50 ans) et que je n’avais jamais vu un joueur payer pour avoir crevé le ballon, tordu le poteau de corner ou pour la location de la civière en cas de blessure, ils ont souri mais la discussion s’est arrêtée là.
Dimanche, lors du paiement des engagements auprès du trésorier de l’ASAC Bourgogne, Louis et moi avons eu notre explication. L’ASAC loue le circuit et se sert de ses services qui pour certains sont payants (ex: le nettoyage du circuit) et l’ASAC doit rendre le circuit dans l’état où elle l’a pris (ex: les rails de sécurité). C’est pour cette raison que l’ASAC Bourgogne proposait une cotisation de 35 € aux pilotes qui ne voulaient pas recevoir de facture liée à la réparation de rails en cas d’accident. Une facture de 4000 € était sur le bureau, heureusement le pilote avait souscrit à la cotisation. Ce n’est pas une assurance, mais une cagnotte que l’ASAC propose car ce type de dégâts n’est assuré par aucune compagnie.Le bureau va dans l’avenir regarder de près ces dossiers car le tarif de l’inscription demandé en Coupe de France des Circuits par les ASA ne permet pas de prendre à leur seule charge les gros crashs. Peut-être que certains circuits le font mais avec un tarif d’inscription bien supérieur. Dorénavant, il paraît normal qu’à chaque inscription le pilote du Trophée Protos de France connaisse les règles du jeu.
8 pilotes du Trophée Protos de France avaient loué quatre stands communicants.
Le vendredi soir les 19 pilotes et leur famille, soit presque 40 personnes au total, se retrouvaient au chaud et au sec à l’apéro organisé par Trophée Protos de France, et après la prise de connaissance des nouveaux pilotes, le deuxième sujet de discussion était l’absence totale des Wolf à Dijon. Le troisième sujet concernait les pneus: fallait-il mettre les gommes pour le sec ou pour la pluie. Le quatrième sujet a eu le plus de succès avec les pitreries et les blagues d’Hervé et de Patrick.
Samedi matin 16 mars (essais libres et briefing)
Samedi à 8h tout le monde était sur le pont car les essais privés de 30 minutes étaient programmés à 9h07. La plupart des Funyo avaient pris la décision de ne pas s’arrêter pendant la séance, il fallait donc prévoir au moins 15L d’essence dans le réservoir.
Thibaud, Dupont ne partait pas faute de pneus pluie et de plus impossible pour lui de rentrer la 5ème vitesse sur son ARC Alfa (il s’en accommodera pour le reste du week-end). Didier Bastard avait réparé ses durites d’eau mais il soupçonne une montée en pression et a fait le plein avec de l’eau. Les 30 minutes d’essais libres se sont déroulés sans pluie mais sur une piste grasse et froide et les pneus pluie s’imposaient mais personne ne semblait chercher le dernier 1/10ème.
Tabone, Valet, Granier, Mainguy semblaient les pilotes les plus réguliers.
Rebelote pour la Merlin de Didier Bastard, qui après un son “pas très clair” du moteur Alfa et de la fumée, la durite c’est à nouveau arrachée et bien lui en a pris de faire le plein avec de l’eau et non du liquide de refroidissement. Malheureusement pour lui il sera forfait pour le reste du week-end. ll repartira dimanche soir avec 150 € dans la poche: 350 € (frais d’engagement) - 200 € (remise en état de la piste après la fuite de liquide de refroidissement de la veille). En effet, le chèque d’engagement n’est encaissé que si le proto est présent sur la grille des essais qualificatifs. Didier garda le sourire tout le week-end mais avec la déception était importante de ne pas avoir accompagné les 16 autres protos. Pour Thierry Granier (Speedcar GTR), des bruits inquiétants dans la boîte de vitesse. Par contre Hervé Maitre avec quatre pneus pluie prêtés par Laurent Defunti retrouve un Funyo efficace.
Samedi après-midi 16 mars (essais qualifs) La piste est sèche pour les 20 minutes d’essais qualificatifs et 16 Protos de France se présentent en pré-grille à 14h30. Arrêt au bout de cinq tours de la GFA de Chauré (panne d’essence). Au huitième tour c’est au tour de la Speedcar GTR de Granier de s’arrêter (boîte de vitesse, pignon de 6ème explosé). Arrêt au stand de Dupont pour protéger son moteur Alfa privé de 5ème vitesse. Logique respectée en tête: Tabone signe la pole-position avec 26/100 d’avance sur Valet. Derrière à plus de 3 secondes du duo de tête, on retrouve Mainguy (1er des Funyo) devant Chauré à 1,2s (mais sur quatre tours effectués simplement), puis Joulain à 1,3s de Mainguy, puis Perrin et à 1,8s de Mainguy. Belle performance de la F4 de Beauchamp à 1,9s de Mainguy. La F5 de Viguié (victime de problèmes de puissance du 206 RC) se classe 8ème à 2,3 secondes de Mainguy. Gallioz termine 9ème à 3,3s de Mainguy et Defunti à 5,5s. On retrouve ensuite Maitre (12ème) et Lebeaupin (13ème) pour le match des seniors.
Les 9 Funyo sont tous regroupés de la 3ème à la 13e place. Granier (10ème) n’était pas à sa place dans ce classement (son Speedcar déclarera forfait pour les deux courses du dimanche) Derrière on retrouve Rubaud (EMA Kawasaki) avec seulement 5 tours de pleine puissance. Au bout de quelques tours l’arrivée d’essence étant déficiente, sinon le reste va bien. L’EMA devrait se mêler à la bagarre des Funyo dès que la panne sera trouvée. Thibault Dupont termine 15ème et Elodie Durand qui retrouvait son Arc depuis l’épreuve du Mans en octobre 2023 prend la 16ème place.
Samedi 16 mars soir (apéro et raclette) À 18h30, avait lieu le rendez-vous habituel des pilotes, mécaniciens commissaires, à l’abri, verre à la main et en écoutant un groupe de rock avec ses deux chanteuses. Ces rendez-vous du samedi soir lors de chaque week-end de Coupe de France ont un grand succès en terme de participation de tous les plateaux. C’est un rare moment où nous avons le temps d’échanger avec les pilotes des autres plateaux (HTCC, Monoplace, Groupe A, GroupeN, Twin’Cup, GT). Ce moment de convivialité m’a permis de converser longuement avec Marc Aumonier, le speaker de l’épreuve. Non seulement c’est lui qui commente ce qui se passe en piste mais c’est également lui qui fait la remise des trophées sur le podium. À 74 ans, c’est une activité entièrement bénévole qui l’emmène une quinzaine de fois par an sur les circuits français. Marc Aumonier m’a raconté de multiples anecdotes mais surtout le fait qu’il était un des référents de Jean-Charles Laurens (speaker des 24 heures du Mans de 1968 à 1983) dont l’intonation de voix était connue dans le monde entier. Sa renommée étant d’autant plus importante qu’il ne quittait pas son micro durant les 24 heures.
Comme Marc Aumonier souhaitait avoir les classements de nos trois catégories le plus rapidement possible pour réaliser les podiums, je l’assistais pour les deux courses du dimanche dans son “pigeonnier” avec une vue imprenable sur une grande partie du circuit. Il me remercia dimanche après-midi de lui avoir fourni sur un papier les résultats du classement scratch et de chacune des catégories (TPF1, TPF2 et TPF3) des deux courses moins de 30 secondes après le passage sous le drapeau à damiers (le classement officiel et définitif arrivant beaucoup plus tard) et cela lui permettait de se rendre aussitôt au podium pour accueillir les vainqueurs.
A 20h, nous nous retrouvons le samedi soir à plus de 40 convives dans les trois stands loués par Maitre, Lebeaupin, Mainguy, Rubaud, Gosti, Tabone et Viguié pour une raclette party (merci à Thomas Bros d’avoir lancé cette idée) avec 12 appareils branchés sans faire sauter le compteur électrique, suivi d’une tarte aux fruits pour le dessert. Grande déception pour Patrick car il n’y avait pas de tarte aux prunes et il n’a pas pu nous raconter la fameuse histoire de la tarte aux prunes de la “mère supérieure”. Quelques produits locaux dont la fameuse Mentxx Pastxxxx (chut c’est un secret) ont circulé de table en table devant la télévision installée pour regarder la fin du match de rugby France-Angleterre mais à 11h extinction des feux car les 15 protos devaient être en pré-grille à 8h45.
Dimanche matin 17 mars (course 1)
Piste sèche pour les 15 protos (forfait de Granier dont la BV du Speedcar GTR n’était pas réparable sur place).
1ère ligne : Tabone / Valet2ème ligne : Mainguy / Chauré3ème ligne : Joulain / Perrin
Excellent départ de Valet sur son BRC B49 (parti en deuxième position) qui passe le premier virage en tête devant Chauré (GFA) lui aussi auteur d’un excellent départ depuis la 4ème place. On retrouve ensuite Tabone (Radical Sr3) en P3 et Mainguy (Funyo F5) en P4 devant une meute de Funyo. Perrin en voulant passer la 3ème vitesse au départ passe la 5ème et se retrouve englué dans le peloton. En voulant rattraper son retard, il se retrouve trop large dans le 1er secteur et vient taper un vibreur à l’avant droit qui l’oblige à renoncer (triangle cassé).
Tabone parvient à dépasser Chauré dans la courbe de Pouas pour prendre la P2 derrière Valet. La Radical et son pilote étaient imbattables dans cette partie du circuit lors des 2 jours. Après quelques tours, Tabone parvient à revenir sur Valet qui doit finalement renoncer à son tour après un problème mécanique. Personne ne le reverra car il tournait plus vite que ses poursuivants directs à coup de 3s à chaque tour). Mainguy parvient à doubler Chauré au 5ème tour pour le gain de la 2ème place et parvient à prendre quelques mètres d’avance juste avant l’apparition du « full yellow » pour retirer la voiture de Valet arrêtée au bord de la piste.
Au 6ème tour, on retrouve : 1. Tabone, 2. Mainguy, 3. Chauré, 4. Joulain, 5. Gallioz. Sous la procédure du full yellow, Chauré parvient à recoller Mainguy bloqué derrière un proto plus lent que lui à qui il prenait un tour. Idem pour Joulain et Gallioz qui parviennent également à recoller. Au drapeau vert, ce fut une bagarre incessante entre la Funyo de Mainguy et la GFA de Chauré et entre les deux Funyo de Joulain et Gallioz. Pour la place de second, ce fut un duel que tout opposait.
La GFA GSXR Suzuki : un moteur de moto de 190cv qui prend des tours, une boîte séquentielle 6 vitesses, un châssis avec un empattement court très vif et une démultiplication courte qui faisait rupter le moteur juste avant la ligne d’arrivée, un poids plume de 450 kg (inférieur de 160 kg à celui du Funyo).
La Funyo F5 RC : un moteur de 190cv avec du couple, une boîte cinq vitesses synchro qui emmène la Funyo jusqu’au 1er virage après la ligne d’arrivée, un châssis avec un empattement long et de l’aéro dans les courbes rapides.Le pilote GFA Jarod Chauré : la jeunesse (21 ans seulement), la fougue, l’attaque à outrance, des attaques parfois à la limite mais dans le respect de l’adversaire.
Le pilote Funyo Louis Mainguy : des trajectoires au cordeau, pas de fermeture de portes, mais un œil (sinon deux) dans les rétros car le GFA pouvait arriver de tous les côtés et à toutes vitesses.
Le spectacle durera 10 tours pour le plus grand plaisir des spectateurs et se terminera par seulement un capot d’avance pour Chauré devant Mainguy (uniquement 0,1s sur la ligne d’arrivée après 15 tours de course).
Ce fut moins “saignant” entre Gallioz et Joulain mais au drapeau vert suite à l’évacuation de la voiture de Valet, Gallioz parvient à doubler Joulain qui ne parviendra jamais à le reprendre. Il n’y aura que 0,7s sur la ligne entre les 2 pilotes sur Funyo F5. La troisième bagarre oppose Viguié (Funyo F5) et Beauchamp (Funyo F4). Viguié devant Beauchamp jusqu’au 10ème tour et ensuite Beauchamp devant Viguié pendant les quatre derniers tours avec seulement 8/10ème de seconde pour la F4 devant la F5 à l’arrivée. Course en solitaire pour Defunti, Lebeaupin et Maitre ce qui fait au total 8 protos Funyo entre la 3ème place de Mainguy et la 10ème place de Maitre. Un tour derrière, on retrouve l’EMA de Rubaud et à 2 tours l’Arc de Dupont et celle d’Élodie Durand.
Classement Trophée Protos de France :
TPF1 : 1er Tabone, 2ème Chauré, 3ème Rubaud
TPF2 : 1er Mainguy, 2ème Gallioz, 3ème Joulain,
TPF3 : 1er Dupont, 2ème Durand.
Les tops (course 1)
Tabone et sa Radical sans adversaire après l’abandon de Valet (BRC),
Chauré et sa petite GFA CM datant de plus de 20 ans,
Mainguy pour avoir retardé l’échéance avec fair-play,
Les bagarres en piste : Chauré vs Mainguy, Gallioz vs Joulain, Viguié vs Beauchamp,
Thibaud Dupont sur le podium pour sa première course.
Les flops (course 1)
La fiabilité de la BRC B49 de Valet (peut-être une séquelle suite à l’incendie de Nogaro ?)
La nervosité de Perrin qui a voulu se « refaire » trop vite (sa course 2 démontrera qu’il peut être dans le match de tête des Funyo).
Prix spécial (course 1)
Prix spécial pour Laurent Defunti qui permit à plusieurs concurrents de repartir pour la course suivante et notamment en offrant à Perrin un triangle qu’il avait en stock et prêtant des roues à Maitre. Bien que récent au sein du Trophée Protos de France, Laurent résume bien l’esprit général qui règne au sein du plateau.
Dimanche 17 mars (course 2)
Le temps était très agréable, ensoleillé, voire chaud (surprenant à cette époque de la saison à Dijon). Malgré tous ses efforts et après avoir trouvé l’origine de l’arrêt du moteur Suzuki (shifter), Eddy Valet ne peut malheureusement pas réparer. Elodie Durand, en voulant purger les freins de l’Arc, Pascal Hosotte découvrit une fuite à l’étrier de frein et pour un joint « à deux balles », l’Arc ne repartira pas en course 2. 13 Protos de France se présentent à 14h20 sur la grille pour la course dans l’ordre du deuxième meilleur temps des essais qualificatifs. Chauré, n’ayant effectué que quatre tours pendant les qualifs, se retrouve à partir en dixième position au lieu de la quatrième en course 1.
1ère ligne : Tabone (tout seul)2ème ligne : Mainguy / Joulain3ème ligne : Beauchamp / Perrin
Tabone réussit son envol et vire en tête au premier virage. Superbe départ de Perrin pourtant parti de la 6ème place qui passe en 2ème position au premier virage suivi par Chauré, pourtant P10 sur la grille de départ mais qui a fait parler la puissance de son proto au poids plume à moteur de moto et avec une trajectoire extérieure. Ensuite on retrouve le train des Funyos avec dans l’ordre Mainguy, Joulain, Gallioz, Beauchamp, Viguié, Lapeine (en double monte avec Defunti), Maitre et Lebeaupin. Gosti (en double monte avec Rubaud sur l’EMA) et Dupont ferment la marche.
Chauré, Mainguy, Gallioz, et Joulain ne trainent pas à dépasser Perrin. Tabone s’envole et derrière, les positions sont figées. Mainguy n’a jamais réussi à recoller à Chauré et la revanche de la course 1 n’aura pas lieu (6 secondes d’écart sur la ligne à la faveur de Chauré). Belle 7ème place pour Beauchamp avec son Funyo F4 plus ancien que les F5. Belle performance également de Lapeine pour sa première participation qui finit 8ème devant Viguié, 9ème pourtant habitué des épreuves mais en manque de puissance durant tout le week-end. Magnifique bagarre pour la 10ème place avec Lebeaupin qui parvient à dominer Maitre sur la ligne. Dupont devance Gosti pour la 12ème place.
Classement Trophée Protos de France :
TPF1 : 1er Tabone, 2ème Chauré, 3ème Gosti
TPF2 : 1er Mainguy, 2ème Gallioz, 3ème Joulain
TPF3 : 1er Dupont
Les tops (course 2)
Tabone impérial
Chauré belle maîtrise
Perrin excellent départ
Le duel des « anciens » entre Maitre et Lebeaupin
Rédaction : Jean-Luc MAINGUY
Photos : Caroline FRADON / Martine LEBEAUPIN / Jean-François LESENNE
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