Lionel Jacob vainqueur du Challenge Open CM
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Pour sa première implication sur le CFM Lionel Jacob avait terminé la saison 2024 au deuxième rang du Challenge Open CM. Au volant de son JAD LW-01B de conception familiale, il se relançait cette saison pour finalement remporter ce même Challenge Open.
Les succès rencontrés par Lionel Jacob ont comme origine une histoire familiale qui remonte à la précédente génération. Denis Jacob, le père de Lionel, après des débuts en karting se tournait vers le rallye. Associé à son frère Dominique, Denis Jacob poursuivra son implication dans la compétition automobile en qualité de préparateur. Trois décennies durant, les frères Jacob auront à cœur de préparer avec un soin attentif et une passion jamais émoussée de nombreuses voitures que l’on pouvait retrouver sur les diverses disciplines que compte le sport automobile.Bien évidemment Lionel baignait dès sa plus tendre enfance dans cet univers si attrayant. Son cousin Arnaud sera lui aussi présent dès son plus jeune âge sur les diverses manifestations auxquelles assistaient leurs pères respectifs.
C’est en VTT que Lionel Jacob disputera ses premières compétitions avant de se tourner vers le motocross puis le rallye. Plus qu’une passion, la mécanique sera pour lui un art de vivre qui le poussait à mener à bien des études dans ce domaine avant de réussir un BPJEPS pour devenir moniteur de pilotage. Dans le même temps, son cousin Arnaud poursuivait des études d’ingénieur avant de se voir confier la responsabilité du bureau d’étude de la Société Bos Suspension. Mais en 2018, Arnaud Jacob décidait de fonder sa propre société, JAD-Engineering, destinée à proposer des prestations d’étude dans des milieux comme la compétition automobile, le VTT ou même les sports de glisse.
Fort de ses compétences en sa qualité d’ingénieur, Arnaud Jacob décidait d’assouvir un rêve d’enfant en créant JAD-Automotive, afin de concevoir sa propre voiture de course. Sous les conseils avisés de Denis et Dominique, sortis pour l’occasion de leurs retraites, la JAD LW01 voyait le jour. Bien évidemment c’est à Lionel que revenait l’honneur d’offrir à la voiture ses premiers tours de roues. Initialement destinée au circuit la JAD LW01 fera sa première apparition en course de côte en 2022 sur le Mont-Dore. L’année suivante, Lionel fera quelques manches du championnat avant de s’engager sur un Challenge Open CM en 2024. Il ne prenait alors part qu’à six épreuves, mais accrochait la deuxième place de cet Open.
Saison limitées mais réelles ambitionsPour la saison 2025, Lionel et Arnaud Jacob décidaient de relancer une JAD LW-01B sur le Championnat de France de la Montagne, en ayant l’obligation d’apporter un important changement : « L’an dernier nous avions eu un souci d’interprétation de la réglementation, et pour cette saison 2025 nous avons intégré le changement qui consiste à présenter des carters d’huile d’origines », précise Lionel Jacob.
Ce changement contraignait la structure JAD-Automotive à modifier l’emplacement du moteur de leur proto : « Il se situait initialement en long, contrairement aux autres Protos évoluant dans la classe CM, et nous avons dû le positionner en transversal. De ce fait il fallait apporter de nombreux changements pour permettre la nouvelle implantation du moteur qui restait strictement le même. Fort heureusement nous n’avons pas eu à modifier le châssis. » Pour le reste la JAD LW-01B se présentait dans sa configuration 2024, configuration qui avait largement démontré sa compétitivité.

Une fois le moteur intégré, l’équipe JAD-Automotive programmait deux séances d’essais pour s’assurer que tout fonctionnait correctement, avant que la voiture ne soit confiée à Renaud Malinconi qui l’engageait sur deux épreuves de la Coupe de France des Circuits, à Nogaro et à Pau-Arnos : « Cela nous a permis de confirmer que la voiture fonctionnait correctement et que nous pouvions débuter la saison sur le Championnat de France de le Montagne en confiance, sachant que la mécanique donnait son plein rendement. »
Deuxième du Challenge Open CM, Lionel Jacob se devait cette année d’afficher ses ambitions pour la victoire : « En sachant que ça allait être difficile parce que nous avions un programme de huit courses, ce qui sur le Challenge Open ne nous offre aucun joker puisque les huit meilleurs résultats sont retenus. Nous avions donc l’obligation d’être systématiquement à l’arrivée et quasiment de remporter toutes les épreuves. »
Les 5 et 6 avril, alors que le coup d’envoi du Championnat de France de la Montagne était donné du côté de Bagnols-sur-Cèze, la JAD LW-01B avec laquelle Lionel devait prendre part à la saison était engagée sur le circuit de Pau-Arnos. Lionel devait donc faire l’impasse sur cette première confrontation et c’est donc sur les pentes du Col Saint-Pierre qu’il débutait sa courte campagne de France : « J’avoue que nous avions une certaine pression d’autant que nous étions nombreux à évoluer dans ce Challenge Open CM », rappelle le Béarnais.
Sur le Col Saint-Pierre, Lionel Jacob allait devoir céder la victoire à un pilote gardois, Jérôme Jacquot, très incisif à domicile : « En ce qui me concerne je suis un peu déçu de ma performance samedi soir sur le sec. On testait de nouveaux pneus Hoosier ultra softs, mais c’est un pneumatique qui, s’il est performant, nécessite d’apporter à la voiture pas mal de réglages. Et donc pour cette première, sur le Saint-Pierre, on manquait de recul et nous sommes un peu loin de Jérôme », confie Lionel qui par la suite allait tester les pneus pluie proposés par la manufacturier américain : « Je suis particulièrement à mon aise sous la pluie et les pneus ont bien fonctionné, ce qui m’a permis de me rapprocher de Jérôme. Mais la dernière manche du dimanche ayant été annulée, ce qui a écourté les débats, le classement ne se faisait plus que sur une montée comme le stipule la réglementation. Et de ce fait le résultat final ne retient que la seule montée sur le sec du samedi soir. C’est frustrant parce que j’espérais qu’avec un cumul d’au moins une manche sous la pluie, je pourrais repasser devant Jérôme. Après on savait qu’à Bagnols-Sabran et sur le Col Saint-Pierre Jérôme est très vite et qu’il serait difficile d’aller le chercher. » Mais Jérôme Jacquot n’étant pas engagé sur le championnat, Lionel enregistrait sur l’épreuve cévenole le maximum de points.
Il faudra attendre La Pommeraye pour retrouver la JAD LW-01B de Lionel Jacob. Le Béarnais ne cache pas son affection pour le tracé angevin sur lequel il allait signer une victoire de classe : « C’est court, rapide, très sélectif, et nous avons trouvé de bons réglages pour pouvoir exploiter pleinement les pneumatiques Hoosier. Donc je suis pleinement satisfait de cette victoire, même si le chrono n’a rien d’exceptionnel par rapport au record de la classe. Mais les Protos CM ont évolué, la réglementation les a obligé à prendre du poids, et notre voiture affiche déjà un excès de poids d’une quinzaine de kilos. Donc difficile d’aller chercher les records. Mais pour moi qui découvrait La Pommeraye je ne peux être que satisfait. »
Alors que le championnat atteignait le cap de la mi-saison, Lionel Jacob n’avait pris part qu’à deux des sept premières confrontations, puisqu’on ne le retrouvera par la suite qu’à Marchampt : « Il est clair qu’à ce stade de la saison nous avions pris beaucoup de retard sur nos adversaires et que pour espérer contrer Julien (Adoir) il allait falloir aligner les victoires. »

Lionel Jacob se souvient d’ailleurs qu’en 2023, pour sa première participation à Marchampt, Julien Adoir avait été un adversaire valeureux. Le Béarnais s’attendait donc une nouvelle fois à une forte opposition de son rival dans les vignobles du Beaujolais : « Finalement ça a voulu nous sourire et je suis parvenu à aligner de bons chronos. Ce résultat nous rassure, mais c’est vraiment à la fin de ce week-end que nous prenons conscience que nous allions devoir impérativement remporter les manches suivantes. »
A Vuillafans, si la victoire en CM tombait dans l’escarcelle de Lionel Jacob, ce n’est qu’avec deux dixièmes d’avance qu’il imposait sa JAD LW-01B devant le TracKing de Julien Adoir : « Nous avons eu notre part de chance. Julien m’a montré sa dernière montée sur laquelle il commet quelques erreurs de changements de vitesses. Sans cela il aurait sûrement été difficile de lui contester la victoire. Plus nous nous approchions de la fin de saison, plus la pression s’installait et plus Julien montait en puissance. Psychologiquement c’était compliqué, mais je ne vais pas cacher que j’aime ça. J’aime la bagarre et la pression qui va avec. C’est toujours bon d’avoir un pilote devant parce que ça permet de se surpasser et de puiser dans nos retranchements, et parfois de réaliser des prouesses que l’on ne soupçonne pas. »
La victoire ou rien… C’est un peu dans cette optique que Lionel Jacob abordait la fin de saison. Et si sa participation à Dunières sera une nouvelle fois synonyme de succès, le Béarnais reconnait avoir eu sa part de chance : « Dimanche j’ai eu un problème dès le premier virage sur la troisième montée de course. Je rentre au paddock et je parviens à réparer pour la dernière ascension sur laquelle la pluie était attendue. Et à ce moment-là j’étais loin de mes adversaires, et avec l’intervention de la pluie il était clair que je n’avais aucune chance de m’imposer », se souvient Lionel. « La pression était à son comble mais la pluie nous a épargné et j’ai pu signer un bon chrono qui me permet de m’imposer. »
Il ne restait alors que trois manches pour combler le retard face à Julien Adoir, alors leader du Challenge Open CM : « Il avait marqué de gros points sur la campagne de l’Ouest et nous n’étions pas sûrs de pouvoir en faire de même sur des épreuves comme le Mont-Dore où Turckheim où les plateaux sont beaucoup plus étoffés et où il semble difficile d’aller chercher des points de groupe et impossible de marquer des points scratch. Le défi s’annonçait alors complexe. »
Le Mont-Dore est le théâtre de la toute première participation de Lionel Jacob à une course de côte. Et si l’épreuve auvergnate reste légendaire dans l’esprit de nombreux Montagnards, elle revêt un caractère particulier pour le pilote de la JAD LW-01B : « J’ai énormément de souvenirs sur cette épreuve », reconnait-il. « J’avais un peu moins de pression, si ce n’est celle de rencontrer un problème mécanique. Mais je savais que sur ce tracé nous étions à notre avantage. Sur les tracés longs et rapides, je suis en principe à mon affaire. » Cela se confirmait puisque Lionel viendra chercher un nouveau succès dans le Massif du Sancy.
Malgré l’énorme déplacement que représente Turckheim pour le Béarnais, Lionel n’avait pas d’autre choix que de se rendre en Alsace s’il voulait conserver une chance de remporter le Challenge Open CM. Il découvrait donc ce tracé, le plus long du championnat : « Ce fut une très belle découverte, un des tracés que j’aime le plus. Pour moi qui viens du rallye, ce type de parcours, sinueux, bosselé, qui nécessite un gros travail de suspension est idéal », avoue-t-il. Là encore Lionel allait trouver forte opposition face à Loïc Hebinger et Anthony Darand, des pilotes qui n’étaient pas engagés cette année sur le championnat mais qui seront des adversaires coriaces, d’autant qu’ils bénéficiaient une parfaite connaissance du parcours.
« Je craignais avant tout la chicane, sachant que si on la heurtait nous étions pénalisés. Je me suis donc concentré pour faire deux montées propres afin de m’assurer de terminer premier des pilotes du CM engagés au championnat », explique Lionel. « J’ai pu me lâcher par la suite parce que je tenais à accrocher cette victoire. Je savais que ça serait compliqué parce que sur la dernière montée il allait falloir tout aligner correctement. J’avais vraiment le couteau entre les dents. Heureusement que je ne suis pas filmé dans la voiture parce que je pense que je ferais peur aux gens tellement je me crie dessus, je hurle à chaque sortie de virage, je me motive en permanence. » Une motivation payante pour le compétiteur qu’est Lionel Jacob qui finalement s’imposera sept dixièmes devant le Speed Car de Loïc Hebinger et neuf dixièmes devant le TracKing d’Anthony Darand.
A Limonest, Lionel Jacob allait particulièrement s’illustrer, en remportant non seulement la victoire mais également en se classant douzième au scratch : « On savait que durant le week-end on devrait composer avec la pluie et dans ces cas-là je sais que je peux jouer dans le top 10 », confie Lionel. « J’étais toujours en bagarre pour le titre avec Julien (Adoir). Mais sur cette épreuve, qu’il n’avait pas prévu de faire, il n’avait pas de pneus pluie, et la météo a joué en sa défaveur. »
Samedi soir, Lionel Jacob réalisait une prouesses sur la première montée de course où, sous la pluie, il signe le deuxième temps scratch derrière Marc Pernot : « Le chrono que l’on me crédite ne me semble pas possible », confie Lionel en toute humilité. « Je pensais sincèrement qu’il y avait une erreur, mais apparemment tout a été contrôlé sur les bandes et il s’avère, à mon grand étonnement, que c’est bien mon temps. Heureusement que le titre ne se joue pas uniquement sur ce chrono, car j’aurais toujours eu un doute et je l’aurais mal vécu », ajoute le Béarnais en toute honnêteté. « Par la suite, le dimanche j’ai su être performant pour remporter une victoire sur une épreuve que je découvrais. »
Sept courses, huit victoires et un Challenge Open CMSur ses huit participations durant sa campagne de France 2025, Lionel Jacob a signé sept victoires de classe. Un cumul de succès qui lui permet de remporter le Challenge Open CM avec onze points d’avance sur Julien Adoir : « C’est l’aboutissement d’un projet que mon cousin Arnaud a initié en 2019. Le bilan est largement positif puisque nous remportons ce Challenge Open. Je suis d’autant plus satisfait que nous réalisons le doublé puisque je termine également premier pilote du CM sur le Championnat de France de la Montagne », rappelle le Béarnais qui compte sept points d’avance sur le même Julien Adoir.

Difficile de faire mieux pour mettre en avant la JAD LW-01B conçue dans les ateliers familiaux que de lui offrir un tel palmarès : « C’est une énorme satisfaction. C’est particulièrement émouvant pour nous quand on sait l’investissement humain et financier qu’à consenti Arnaud, mon cousin, pour mener à bien ce projet. C’est le premier aboutissement, qui permet aujourd’hui de proposer des devis, d’avoir des commandes pour de nouvelles voitures. En fin d’année nous allons monter la cinquième JAD qui sortira des ateliers de JAD-Automotive. Ça commence à prendre, et cela va nous permettre de louer des voitures tant en circuit qu’en courses de côte. Et bien évidemment nous nous appuyons sur ce titre dans le Challenge Open pour démontrer la compétitivité mais également la fiabilité de la voiture. Nous avons l’opportunité de proposer exactement la même voiture – à l’exception de la taille du réservoir – pour rouler en circuit et en course de côte, c’est un plus non négligeable. Et nous savons que la voiture dispose encore d’une réelle marge de progression. »
S’il a su mener sa JAD LW-01B de mains de maître, Lionel Jacob sait qu’il doit également sa réussite à ceux qui l’ont accompagné cette saison : « Un immense merci à mon cousin Arnaud Jacob de m'avoir entraîné dans ce projet audacieux. Merci également à mon oncle Dominique et mon père Denis, sans qui cette aventure aurait eu beaucoup plus de mal à voir le jour. Merci également à nos partenaires qui ont cru au projet depuis le début : Le manufacturier Hoosier Racing Tire qui nous apporte une aide précieuse, ainsi que les boitiers de gestion Link Ecu, les préparateurs Jacob Sport, les huiles Millers Oils et les suspensions Bos Engineering. Je n’oublie évidemment pas la famille Pierrat, actionnaires, qui nous ont rejoints dans l'aventure JAD-Automotive en début d'année. »
Les diverses activités que mène de front Lionel Jacob lui interdisent de participer à l’ensemble des manches du Championnat de France de la Montagne. Pour la saison 2026, le Béarnais espère bien être en mesure d’aligner sa JAD LW-01B sur quelques épreuves du CFM, mais ne sait pas s’il pourra animer un Challenge Open : « Il est clair que j’aimerais bien être au départ des courses que nous apprécions le plus, à savoir le Col Saint-Pierre, Vuillafans, le Mont-Dore et Turckheim, mais pour le reste rien n’est clairement défini. Ce calendrier n’est pas figé, ça peut évoluer. »
Pour ce qui est de la voiture, Lionel restera fidèle à la JAD LW-01, « mais dans une version évoluée. Nous comptons alléger la voiture d’une dizaine de kilos, lui offrir un nouveau moteur plus récent et plus puissant. L’auto est compétitive, nous l’avons démontré, mais pour autant nous ne voulons pas rester sur nos acquis et nous avons à cœur de poursuivre son développement. Si nous avons des pilotes qui veulent aligner des JAD sur le CFM, nous nous devrons d’être présents parce que nous tenons à accompagner nos clients, les conseillers, les épauler et pouvoir leur faire bénéficier des datas dont nous disposons en toute transparence et les coacher sur les épreuves », conclut Lionel.
©Bruno Valette




















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