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Pourquoi la Coupe de France des Circuits n’arrive pas à décoller ?

Le 01/09/2025

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90 ! C’est le nombre d’engagés ce week-end lors de la manche de rentrée à Albi. La Coupe de France des Circuits a tout, sur le papier, pour séduire. Avec un droit d’engagement fixé à seulement 370 €, elle propose des coûts parmi les plus bas du sport automobile français. À une époque où rouler en compétition devient un luxe inaccessible pour la majorité des passionnés, on pourrait s’attendre à ce que les grilles de départ soient pleines à craquer.


Pourtant, la réalité est toute autre : malgré ses promesses, la Coupe peine à attirer les foules et donne régulièrement l’impression de tourner dans l’indifférence générale.


Comment expliquer ce paradoxe ? Pourquoi ce championnat, censé être la vitrine accessible du sport automobile national, n’arrive-t-il pas à remplir son rôle ? Enquête et analyse.


Un championnat dans l’ombre

Le premier problème saute aux yeux : personne ou presque ne connaît la Coupe de France des Circuits. Sa médiatisation est quasi inexistante. Là où des séries comme le GT4, le TTE ou encore les formules monotypes bénéficient d’une couverture presse et d’une présence soutenue sur les réseaux sociaux, la Coupe se contente d’une communication minimale : reprise d’autres posts sur la page Facebook, quelques lignes dans France Auto et aucune couverture média sur les épreuves. Certains journalistes se contentent simplement de reprendre les informations qu’ils trouvent sur les réseaux sociaux pour rédiger quelques lignes par-ci par-là.


Résultat : même chez les passionnés, la Coupe reste une inconnue. Des pilotes témoignent avoir découvert son existence « par hasard », au détour d’un forum ou en croisant une affiche sur un circuit. Pour des sponsors potentiels, le constat est encore plus sévère : sans relais médiatique, sans visibilité nationale, pourquoi investir sur un pilote ou une équipe qui roulent dans l’anonymat ?


Dans le sport automobile moderne, la communication est une partie intégrante du jeu. Les pilotes ne roulent plus seulement pour leur plaisir personnel : ils ont besoin de valoriser leurs partenaires, d’alimenter leurs réseaux, de se montrer. Et là, la Coupe échoue totalement. Pas de diffusion en streaming, pas de highlights travaillés, pas de storytelling autour des pilotes…


C’est tout un pan de la dynamique sportive qui manque, et cela plombe lourdement son attractivité.


Un calendrier trop dense et mal pensé

Autre écueil majeur : le calendrier de la Coupe. Avec pas moins de neuf épreuves réparties tout au long de l’année, la série se veut ambitieuse. Trop, peut-être. Pour un championnat qui se veut « amateur », ce format est complètement inadapté.


Neuf déplacements, c’est autant de week-ends mobilisés, de frais logistiques à aligner, de kilomètres avalés sur les routes. Transport de l’auto, essence, pneus, mécanos, hébergement : même si l’engagement est bas, le reste explose. Les pilotes amateurs, qui ont un travail la semaine et une famille à gérer, ne peuvent tout simplement pas suivre un tel rythme. Résultat : beaucoup s’inscrivent à une ou deux manches isolées, mais rares sont ceux qui suivent la saison complète.


Le problème ne tient pas seulement au nombre de courses, mais aussi à leur répartition dans la saison. Cette année par exemple, les trois premières épreuves sont programmées à seulement quinze jours d’intervalle. Impossible, pour la plupart des pilotes amateurs, d’assumer une telle cadence : mécaniquement, financièrement et humainement. Cela prive la Coupe d’une bonne partie de ses participants potentiels dès le début de saison, faute de pouvoir enchaîner trois week-ends sur la route en moins d’un mois.


La comparaison avec d’autres séries est flagrante. Six manches maximum, mieux espacées, suffiraient à donner un vrai rythme, créer une attente entre les courses et rendre le championnat plus digeste. En réduisant le nombre d’épreuves et en pensant mieux leur enchaînement, la Coupe serait plus attractive, tout en concentrant ses forces sur quelques rendez-vous vraiment valorisés. Aujourd’hui, le calendrier étouffe le championnat au lieu de le dynamiser.


Des classes de voitures mal calibrées

Le troisième point touche au cœur du sportif : la répartition des classes de voitures. Sur le papier, la Coupe accueille un large panel d’autos : des berlines de série préparées jusqu’aux prototypes en passant par des GT de différentes générations. Mais la réalité est moins glorieuse : les classes sont mal pensées, les regroupements incohérents, et les écarts de performance trop importants.


Il n’est pas rare de voir des petites autos totalement noyées dans une catégorie dominée par des voitures beaucoup plus performantes. Dans ces conditions, comment espérer motiver un pilote qui se retrouve condamné à jouer les figurants, sans aucune chance de briller ?


À l’inverse, d’autres championnats ont su trouver la bonne formule. Chaque catégorie y est pensée pour être homogène, et les batailles se jouent à la régulière. Résultat : même une Clio Cup ou une 205 peut se battre pour un podium dans sa classe, et les pilotes savent qu’ils roulent pour quelque chose. La Coupe, elle, échoue sur ce plan.


L’absence de podiums par classe : une erreur stratégique

S’il y a un point qui revient systématiquement dans les critiques des concurrents, c’est bien celui-ci : l’absence de podiums par classe. Dans la Coupe de France des Circuits, seuls les vainqueurs « scratch » sont mis en avant. Une absurdité, quand on sait que la majorité des pilotes roulent dans des autos qui n’auront jamais la moindre chance de rivaliser avec les gros protos ou les GT modernes.


Là encore, la comparaison est cruelle. Dans le TTE, chaque catégorie a son podium, sa coupe, son moment de gloire. Même chose dans le GT4, où chaque division est valorisée. Résultat : les pilotes de petites voitures repartent avec une coupe, une photo, une satisfaction. Ce symbole suffit souvent à justifier l’investissement et à fidéliser les participants.


Dans la Coupe, au contraire, les petites autos sont condamnées à l’anonymat. Le pilote qui termine premier de sa classe mais douzième au scratch repart les mains vides, sans reconnaissance. Une erreur psychologique énorme, qui démotive et vide les plateaux.


Une volonté fédérale en question

En toile de fond, une question dérangeante : la FFSA veut-elle vraiment que la Coupe de France des Circuits fonctionne ? Beaucoup de concurrents et d’observateurs ont le sentiment que la fédération ne croit pas à ce championnat, ou du moins qu’elle ne lui consacre aucune énergie. Pas de communication nationale, pas de stratégie claire, pas de volonté d’en faire une passerelle crédible entre le loisir et la compétition professionnelle.


Une commission Coupe de France des Circuits existe, certes, mais que fait-elle réellement ? Quel est son rôle concret ? On y retrouve même certains membres qui ne roulent pas dans la Coupe… quel en est l’intérêt ? Cette déconnexion interroge.


De plus, ce sont les ASA qui organisent les courses, sans présence fédérale forte pour chapeauter et garantir une organisation uniforme. L’ASA d’Albi, forte de son expérience, a su tirer son épingle du jeu : les retours pilotes sont unanimes sur la qualité de l’organisation. Mais qu’en est-il des autres épreuves, parfois moins structurées ?


Et surtout, un problème de fond se pose : comment une ASA peut-elle rentabiliser les coûts d’organisation quand elle ne reçoit que 90 fois 370 € d’engagement ? Le calcul est vite fait : c’est impossible. Une ASA est une association, elle n’a pas vocation à perdre de l’argent. À terme, le risque est bien réel : que certaines ASA ne veuillent tout simplement plus organiser de manches de la Coupe, faute de viabilité économique.


Face à ce constat, une question s’impose : est-ce qu’un opérateur privé ne serait pas une solution ? C’est déjà le cas dans la plupart des séries « abandonnées » par la FFSA, qui ont retrouvé un second souffle grâce à des promoteurs indépendants. Pourquoi ne pas envisager la même voie pour la Coupe de France des Circuits ?


La Coupe donne aujourd’hui l’impression d’être laissée en roue libre, gérée au minimum syndical. Pourtant, son rôle pourrait être central : offrir aux amateurs une porte d’entrée vers la compétition, un terrain d’apprentissage et une vitrine pour progresser vers d’autres séries. Mais sans vision fédérale – ou sans reprise en main par un opérateur privé – la Coupe restera un championnat secondaire, sans identité, sans avenir.


Une concurrence impitoyable

Enfin, la Coupe de France des Circuits doit composer avec une concurrence féroce. Le Trophée Tourisme Endurance (TTE), malgré des coûts deux à trois fois plus élevés, affiche complet. Le GT4 attire les projecteurs et les sponsors. Même des formules comme la Mitjet ou certains trackdays « premium » séduisent plus.


Pourquoi ? Parce que ces séries proposent un vrai projet global. Une organisation lisible, des catégories claires, des podiums multiples, une communication efficace, et surtout, une valorisation des pilotes et de leurs partenaires. Les concurrents savent qu’en roulant dans ces championnats, ils auront une visibilité, des photos, des vidéos, des podiums, et donc un retour sur investissement.


La Coupe, elle, reste coincée dans un modèle dépassé. Elle mise tout sur le prix bas, mais oublie que le sport automobile n’est pas seulement une affaire de coût : c’est une affaire de reconnaissance.


Conclusion : changer ou disparaître

La Coupe de France des Circuits partait d’une bonne idée : permettre à tous de rouler en compétition à moindre coût. Mais aujourd’hui, ce modèle est à bout de souffle. Le tarif d’engagement attractif ne suffit plus à compenser les carences structurelles.


Manque de visibilité, calendrier trop lourd, classes incohérentes, absence de podiums par catégorie, absence de stratégie fédérale : la liste est longue, et chaque point pèse lourd dans la balance. Tant que ces problèmes ne seront pas résolus, la Coupe restera une coquille vide, incapable d’attirer durablement les pilotes.


Il est encore temps de réagir. En repensant le calendrier, en créant de vrais podiums par classe, en travaillant la communication, en donnant une identité claire à ce championnat, la FFSA pourrait transformer la Coupe de France des Circuits en un tremplin incontournable. Mais sans réforme profonde, le constat restera le même : un championnat qui aurait pu… mais qui n’a jamais su.

 
 
 

2 commentaires


Bonjour ,

Je suis partagé sur cette analyse .

Le calendrier comporte 8 épreuves et non 9 ( voir le site de la FFSA )

Un délai de trois semaines séparera deux épreuves inscrite à la coupe . Modification adopté par la commission des ligues FFSA du 25 juin 2025 ( voir le réglement sportif de la coupe )

Il y a une distribution de prix aux 3 premiers de chaque Groupe .

Surtout pas d'opérateur privé , ce sera la course au financement , ce qui limitera encore plus les amateurs à petit budget .

Exemple pour la roadster pro cup , engagement au championat pour 5 courses 460€ + 780€ par course , moyenne 872€ par course .E…

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Ja Fo
Ja Fo
04 sept.

Bonjour,

Je partage cette analyse de la situation, et c'est bien dommage.

Concernant un éventuel opérateur privé, attention les coûts, je suggèrerai aussi une association de d'organisateurs et d'acteurs impliqués, à l'image de l'AFOR et de l'OFAC pour les disciplines Rallycross et OFAC qui réussissent plutôt bien.

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Serge Delaissieux est rédacteur pour Circuits Infos. Spécialiste des compétitions sur circuit, il met en lumière l’actualité du sport automobile français avec rigueur et passion.

Serge Delaissieux est rédacteur pour Circuits Infos. Spécialiste des compétitions sur circuit, il met en lumière l’actualité du sport automobile français avec rigueur et passion.

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